Campus Eiffel, en partenariat avec Océanides, le CESM, DCNS Universeaty et France Forum recevaient, le 05 novembre dernier, Pascal Lamy, membre de la Commission Océan Mondial et ancien directeur général de l’OMC pour une conférence sur le thème : « La survie des océans, un enjeu planétaire ».
Pascal Lamy s’est exprimé en tant que membre de la Commission Océan Mondiale sur les océans, financée par des ONG et de riches mécènes américains.
S’y retrouvent des personnalités comme l’ancien président costaricain Figueres, Miliband, ancien ministre des affaires étrangères de la Grande Bretagne, Trevor Manuel, etc.
1. Un diagnostic sombre
Il faut mettre fin au cycle le de dégradation des océans. Sujet enfin adopté comme l’Objectif 14 de l’ONU. Le diagnostic posé sur l’avenir de l’océan est sombre alors que celui-ci est l’écosystème le plus important de la planète.
Il représente, en effet, les trois-quarts de la surface de la planète, dont deux-tiers sont en haute mer. L’océan produit la moitié de l’oxygène et absorbe un quart des émissions de CO2 qui participent à l’acidification et à la dégradation du milieu océanique.
Trois milliards d’humains dépendent des océans pour leur subsistance.
Pascal Lamy a évoqué l’image suivante : « la relation que la planète a avec les océans est à peu près celle que chacun a avec ses reins ». Lorsque ceux-ci sont malades, toutes les autres fonctions sont menacées. L’océan souffre d’une maladie anthropogène.
On y déverse et y prélève trop. Les ressources océaniques minières sont, par exemple, très demandées en raison de l’augmentation de la population et des activités humaines. Les coûts d’investissements sont moindres et donc les prélèvements augmentent.
2. Recommandations pour mettre fin au cycle de dégradation
Plutôt que de chercher un système parfait, il serait mieux de faire quelques choix, plus efficaces pour lancer un processus de renversement.
Quelques exemples de recommandations :
- diminuer la consommation et donc les rejets de plastique. Il s’agit là d’une affaire de comportement. Les activités côtières sont ici les principales responsables.
- établir un standard unique de protection des fonds marins en cas d’exploitation.
Ceci sous-entend de gérer les problèmes de sécurité et de normes.
- tracer les bateaux de pêche.
Les bateaux de pêche du monde entier devraient être immatriculés, comme le sont les autres navires. Certaines des activités de pêche sont issues de la piraterie et les réglementations ne sont pas respectées. Une partie de la pêche est prélevée en douce ou en contradiction avec les réglementations/quotas. La surpêche est favorisée puisque les bateaux de pêche se modernisent grâce aux subventions, et puisque les carburants sont aussi subventionnés. Au niveau mondial, le montant des subventions est égal au montant du profit des compagnies de pêche.
De nombreux débats ont donc eu lieu et les Européens ont hésité pendant trente ans, jusqu’en 2013. L’Union européenne rassemblait des gens de cultures très différentes. Aujourd’hui, l’union européenne a une vraie politique de conservation depuis 2 ans : interdiction du débarquement de prises en fraude de poissons pêchés dans d’autres océans.
Cependant, au niveau mondial : « un match entre les amis des poissons et les amis des pêcheurs » existe toujours. Une grande réforme commune de la pêche devrait mener à une vraie politique de conservation des ressources maritimes dans les océans, tout en allant peut être plus loin : si une indication nous dit que telle prise a été faite en fraude hors de nos eaux, alors nous l’interdisons chez nous. Pour cela il faudrait que les bateaux de pêche soient dotés de transpondeurs, comme les autres navires.
Il faudrait inscrire à l’objectif 14 un dispositif général de gouvernance. La gouvernance est actuellement en retard, partagée entre des dispositifs locaux et 60 à 70 organismes internationaux. La Charte du droit de la mer ressemble à un règlement de copropriété plein de trous. N’attendons pas d’avoir un système de gouvernance qui fonctionne.
Nous devons avancer sans attendre. Ce sera dans les 15 ans à venir la priorité. Les membres de l’ONU devront s’expliquer régulièrement tous les 3 ans. Lancer la renégociation sur le droit de la mer est nécessaire, mais prendra 10 à 15 ans en raison de la viscosité du système international. La lutte pour les océans est du même niveau que la lutte contre la pauvreté.
GLOBAL OCEAN propose que les Etats déclarent les subventions qu’ils versent pour établir une transparence, puis réduisent les subventions au carburant qui sont celles qui ont le plus d’effet sur la surpêche, en même temps qu’ils mettent en place une traçabilité des prises illégales.
Les initiatives de proximité ne sont pas dénuées d’intérêt, notamment pour faire monter la conscience dans les opinions. Ainsi, un distributeur alimentaire a une application qui retrace le parcours du poisson qu’il vend.
Plus d’informations sur : http://oceanides-association.org/